Un article du Parisien publié le 30 Septembre 2009 et signé Thibault Raisse
Jugée pour avoir blessé ses enfants : l’article en PDF
Poursuivie en justice pour avoir blessé ses propres enfants. Cette habitante de Lagny-sur-Marne n’aurait jamais pensé qu’un simple accident de la route l’entraînerait jusque dans les prétoires. Le 8 janvier dernier, Rosa Ould’Ali, 37 ans, se rend au travail en empruntant la départementale 89, accompagnée de ses trois enfants. Arrivée à hauteur de Lesches, elle perd le contrôle de son véhicule en roulant sur une plaque de verglas et percute une automobile qui arrive en sens inverse. L’accident fait quatre blessés, dont deux enfants de Rosa, âgés de 3 et 7 ans. L’histoire aurait pu s’arrêter là.
Mais c’est finalement devant le tribunal qu’elle trouvera son épilogue : à la demande du parquet de Meaux, Rosa est poursuivie pour blessures involontaires… sur ses propres enfants.
La voiture qui avait glissé sur une plaque de verglas
La procédure, étonnante, est surtout rarissime. En découvrant la nature de sa convocation il y a quelques jours, la mère de famille a l’impression de recevoir un coup de poignard en plein coeur. « Je commençais tout juste à me remettre de l’accident », raconte-t-elle. « Ma fille a eu un traumatisme crânien et mon fils a perdu deux dents de lait. C’est terrible de voir ses enfants souffrir et voilà qu’on me désigne coupable de ces souffrances ! Pour une mère, c’est une accusation insupportable. »
Comment en est-on arrivé là ? Côté parquet, on explique les poursuites par « l’obligation de rester maître de son véhicule » en toutes circonstances. Pas de quoi justifier une telle procédure selon Me Eric de Caumont, avocat spécialisé en droit de l’automobile. « Si Rosa a fauté en conduisant, les blessures de ses enfants constituent une punition suffisante », estime l’avocat. « En la poursuivant, c’est comme si on donnait un coup de couteau à un homme à terre. C’est légal sur le plan juridique, mais ça reste choquant sur le plan moral. »
Sûre de son bon droit, Rosa se déclare « confiante » à l’approche de l’audience prévue le 2 décembre. Mieux : quelques jours après l’accident, elle porte plainte devant le tribunal administratif contre le conseil général pour avoir « omis » de saler la départementale. « Tout est parti de là : si cette route très fréquentée avait été salée, il n’y aurait pas eu d’accident », justifie la mère de famille. Contacté, le président du conseil général, Vincent Eblé, n’a pas souhaité faire de commentaires sur cette « affaire en cours ».